Miriam et John Blaylock sont un couple de vampires vivant à New York dans les années 1980. John se met subitement à voir son corps, en principe immortel, se couvrir de rides. Il décide de consulter une spécialiste des maladies liées au vieillissement accéléré...
Les prédateurs (1983) est la première réalisation du britannique Tony Scott (frère de Ridley Scott (Alien (1979)...). Après ce succès, il s'empressa de se compromettre à Hollywood, avec le fameux Top gun (1986), où il poursuit, aujourd'hui encore, sa carrière inégale consacrée essentiellement aux thrillers (True romance (1993), Ennemi d'état (1998)...). Ce film a la chance de rassembler un casting de rêve: Catherine Deneuve (Répulsion (1965) de Roman Polanski, Dancer in the dark (2000) de Lars Von Trier...), David Bowie (L'homme qui venait d'ailleurs (1976) de Nicolas Roeg...) et Susan Sarandon (Thelma et Louise (1989) de Ridley Scott, The Rocky Horror Picture Show (1975)...). C'est l'excellent groupe de new wave Bauhaus qui interprète au générique sa chanson Bela Lugosi's dead.
Pour les personnages de Les prédateurs, l'enjeu principal est l'accession à un amour éternel, rendu possible par l'immortalité inhérente au statut de non-mort des vampires. En effet, une éternité de solitude n'aurait aucun sens, et Miriam doit trouver des compagnons, hommes et femmes, à travers les siècles de l'histoire humaine. C'est pourquoi elle convertit des mortels au vampirisme en leur faisant miroiter une vie de passion éternelle, alors même qu'elle sait bien que leur "immortalité" dégénérera tragiquement au bout de quelques siècles. John (impeccablement interprété par Bowie) est un de ceux-là : on assiste ainsi à sa décrépitude physique accélérée (grâce aux extraordinaires maquillages de Dick Smith (Little big man (1970), L'exorciste (1973) de William Friedkin...)), tandis que l'angoisse de mourir l'étreint profondément. Miriam tente alors de conquérir une jeune scientifique interprétée par Susan Sarandon, ce qui nous vaut d'ailleurs une séance de saphisme très raffinée.
Mais, malgré toutes ses qualités, Les prédateurs souffre d'une narration parfois bien lente, particulièrement vers la fin. Quant à la réalisation de Tony Scott, si elle est la plupart du temps d'une élégance au diapason de ses vampires séduisants et cultivés, elle tombe aussi parfois dans des excès de préciosité agaçants : ainsi, les envols de colombes, les éclairages diffus à travers une atmosphère légèrement trouble, et les rideaux agités par le vent sont autant d'effets qui peuvent lasser. Certaines séquences (comme ce ballet en roller sur la chanson Funtime d'Iggy Pop) paraissent même à la fois très gratuites et complètement démodées.
Pourtant, grâce à son excellent casting, à ses étonnants effets spéciaux et à sa démarche originale et ambitieuse, Les prédateurs reste un film à part et une œuvre importante dans l'histoire de la mythologie des vampires au cinéma.